Vous qui glissez doucement sur l’eau en toute insouciance le long de mes vieux remparts, emmenés par le courant de la Dronne depuis la Fontaine d’Amour en amont de Brantôme, retenus par les algues et les caresses des branchages des berges foisonnantes. Savez-vous que des générations entières d’humanité se sont succédé, ici, malgré la guerre de cent ans ? Vous qui vous gaussez de mon immobilisme et de mon pauvre aspect austère à travers le temps, savez-vous que je me suis construite à l’ombre de l’imposante abbaye bénédictine adossée à la tranche de la falaise dominée d’un écrin vert ? Que se cachent des trésors bâtis, en mon sein îlien, témoins d’évolutions économiques ? Un président ne m’a-t-il pas affublé de ce surnom « la Venise du Périgord » ? Coulez des jours heureux par temps caniculaire à la fraîcheur de la rivière et au contact des troglodytes. Ramez en cadence lors des jeux de joutes. Bougez, chavirez, sautez les barrages et passez les ponts, pour filer libres loin des murailles. La Dronne vous bercera encore vers d’autres rivages enchanteurs, des vallées ouvertes aux grands rocs calcaires, et des coteaux boisés aux humides bocages.
